Mon village a retrouvé la nuit

 

ÉCOLOGIE

Mon village a retrouvé la nuit

Les communes « étoilées » conjuguent économies, sobriété énergétique et dépollution lumineuse.

Pour la quatrième année consécutive, les étoiles brillent dans le ciel de Fa (Aude). Les réverbères de ce village de 350 habitants (intégré à la commune de Val-du-Faby) s’éteignent à 1 heure du matin pour se rallumer à 6 heures. Abandon du territoire ? Au contraire, la commune a même été distinguée par le label « Villes et villages étoilés », créé par l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN), comme plus de 600 autres pionnières de la lutte contre le suréclairage.

Un cercle vertueux

« C’est une mesure écologique hyper-concrète, assure le maire, Anthony Chanaud, 30 ans. Derrière, c’est de l’énergie nucléaire que l’on économise. » La consommation du seul éclairage public, qui pèse pour 40 % du budget des communes françaises, a été estimée à 5,6 TWh en 2012, soit l’énergie fournie par un de nos 58 réacteurs. « Les 3 500 EUR économisés par an vont être réinvestis dans l’éclairage d’un hameau du village, pour réduire sa consommation de deux tiers, poursuit le jeune maire. On entre dans un cercle vertueux. » Les habitants, eux, n’ont pas constaté d’augmentation d’agressions ou de cambriolages dans le village.

Il y a aussi urgence à laisser la nuit reprendre ses droits, alors que s’affirme l’omniprésence de la pollution lumineuse : l’éclairage public émet deux fois plus de lumière qu’il y a 25 ans. « Il faudrait ajouter à ce chiffre toutes les autres sources lumineuses extérieures, privées et publiques : les bâtiments, vitrines, publicités, enseignes, parkings, etc. » précise Anne-Marie Ducroux, présidente de l’ANPCEN. Désynchronisation des rythmes biologiques, troubles du sommeil… « Un grand nombre d’études scientifiques montrent les effets de la lumière sur le vivant et la toxicité de certains types de lumière », explique-t-elle. Citoyens et faune sauvage sont concernés au même titre : 30 % des vertébrés et 60 % des invertébrés sont nocturnes, rappelle l’ANPCEN.

Sobriété et astronomie

Anthony Chanaud rêve déjà d’une troisième étoile sur le panneau à l’entrée du village. Pour cela, il faudra passer à la vitesse supérieure en sensibilisant les citoyens à la réduction de la consommation énergétique et en organisant des conférences d’astronomie sur le plateau qui domine le village. De l’écologie appliquée, la tête dans les étoiles.

Comment décrocher les étoiles
L’ Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (www.anpcen.fr) encourage depuis 20 ans les communes s’engageant dans la réduction de leur pollution lumineuse. L’Agence nationale de la maîtrise de l’énergie (Ademe) fournit également des diagnostics et peut accompagner financièrement ces démarches. Pour interpeller ses élus locaux, des arguments et une pétition sont disponibles à l’adresse lumieres-inutiles.agirpourlenvironnement.org    .

Lumieres inutiles…ANPCEN , La Vie du 30/01/19…