Gard, à la recherche des fruits oubliés

Le conseil municipal de Cros, village gardois au pied des Cévennes, a décidé de créer un « verger des sauvages » en replantant sur un grand terrain des arbres fruitiers délaissés poussant sur la commune.

Nous sommes en décembre 2019. Les habitants du petit village de Cros se réjouissent de recevoir un cadeau de Noël inattendu : leur projet de Verger des sauvages vient d’obtenir un financement grâce à un vote des citoyens organisé par la Région dans le cadre des budgets participatifs. Un vote qui fut un plébiscite, se souvient le maire Christian Clavel : « Nous avons obtenu quatre fois plus de votes que la population du village tout entier, puisque nous ne sommes que 200 habitants ! » Certes, les touristes et randonneurs venant régulièrement séjourner à Cros ont pu ajouter leurs voix à celles des villageois. Mais d’autres citoyens d’Occitanie ont dû être séduits par ce projet qui valorise la transmission générationnelle.

Transmettre la mémoire des grands-parents

Le projet nous ramène en effet vers une période, pas si ancienne, et pourtant révolue. « Aujourd’hui on achète ses fruits au supermarché, on ne fait plus la cueillette, c’est fini, regrette M. Clavel. Nous étions en train de perdre la connaissance des végétaux dont se servaient à l’époque nos grands-parents pour compléter l’alimentation venant de l’agriculture locale. L’idée était de conserver cette culture patrimoniale et d’offrir notamment aux enfants des écoles aux alentours un lieu de connaissance dans le cadre de journées dédiées à la nature. »

Mais les finances de la commune ne permettent pas de consacrer de l’argent à ce projet. « Le budget participatif de la Région, c’était la cerise sur le gâteau qui nous a permis de mener ce projet à bien. »

Des arbres résistants

Une fois la subvention obtenue, la recherche des arbres fruitiers sauvages a pu commencer, exclusivement sur le territoire communal : églantier, noyer, genévrier, acacia dont on récupérait les fleurs pour faire des beignets, etc… 40 espèces sont retrouvées. Choisis volontairement de petite taille, les arbres sont replantés fin 2020 sur un terrain de 7000 m² en bordure du Vidourle. Devant chaque arbre, un petit panneau explique l’usage qu’en faisaient les anciens.

L’inauguration de ce jardin, ouvert à tous sauf aux sangliers, tenus à distance par une clôture, devait avoir lieu en septembre 2022. Elle a été repoussée à cause de la sécheresse. « Cet été, on a cru que beaucoup d’arbres allaient disparaître, un arrêté préfectoral nous interdisant d’arroser, décrit le maire. Finalement, nous n’avons dû remplacer que 4 ou 5 sujets : ils ont mieux supporté la chaleur que les humains ! »