Comment une petite société coopérative tente de changer radicalement le monde paysan
Voilà quatre ans que la ferme de Belêtre, en Indre-et-Loire, a initié le mouvement des petites coopératives (Scop) en agriculture. L’enjeu : limiter l’endettement, se rémunérer pour son travail et non sur son capital, améliorer la protection sociale et faciliter la transmission.
Impossible aux yeux de Mathieu et de ses collègues d’avoir un discours défendant l’agriculture paysanne tout en participant à un schéma qui concourt à l’agrandissement des fermes, à l’endettement, à la difficulté de reprendre une exploitation et au final, à la disparition des paysans. Dès lors, comment imaginer un projet où l’argent ne soit pas un obstacle ? La Scop apparaît comme le moyen de transmettre l’entreprise sans transmettre le capital, mais en améliorant le niveau de protection sociale.
Depuis sa création, la Scop de Belêtre a développé une activité de paysans-boulangers et de maraîchage. Alors qu’ils viennent de récupérer des terres et des bâtiments avec l’association Terre de liens – ils sont désormais installés sur 64 hectares, intégralement en fermage, c’est à dire en location – les quatre associés-salariés restant recherchent de nouvelles personnes. « On a différentes pistes de diversification mais rien n’est arrêté. La priorité est de trouver des gens qui partagent les valeurs du collectif », précise Mathieu.
Parmi ces valeurs on retiendra : expérimenter une agriculture bio et paysanne, l’autogestion d’une entreprise non capitaliste, une dimension humaine (« prendre soin de nous »), et une dimension politique (« participer à un mouvement de transformation sociale »)
La bataille pour la reconnaissance d’un statut de type Scop en agriculture se poursuit à la ferme de Belêtre, avec une conviction : « La recherche de cohérence ! On ne peut pas militer pour une agriculture paysanne sans commencer par garantir des conditions favorables de reprise et de transmission de sa ferme. C’est un changement radical d’état d’esprit qu’il faut insuffler dans le monde paysan : se rémunérer pour son travail plutôt que sur son capital. C’est une condition sine qua non pour qu’une agriculture française à un million de paysan.nes ne reste pas qu’un slogan mais devienne un jour réalité. ».
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