Pour toutes celles et ceux qui souhaitent ne jamais voir grandir l’arbre qu’ils ont planté, voici le secret de la réussite en 10 règles d’or.
L’établissement de ces 10 règles est le fruit d’un travail fastidieux d’observation et d’enquête sur le terrain car les secrets du « plantage d’arbre » sont bien gardés.
Je tiens ici à remercier toutes les collectivités, agents, décideurs, entreprises d’espaces verts qui ont bien voulu partager avec moi toute cette expertise, patiemment accumulée au fil des saisons.
Allez, trêve de blabla, je vous sens impatients ! C’est parti pour les 10 règles d’or pour bien se planter quand on plante un arbre.
RÈGLE D’OR N°1 : Achetez un arbre trop grand (et trop cher !), aux proportions littéralement monstrueuses : volume racinaire trop petit, tige grêle trop longue, houppier déséquilibré. Privilégiez toujours les arbres en pot : c’est plus pratique à transporter et on se salit moins les mains. Du respect de cette règle N°1 dépend toute la réussite de votre entreprise. Bien choisi, votre « Mikado en pot de confiture » comblera tout vos espoirs.
RÈGLE D’OR N°2 : Faites un trou à peine plus grand que le pain racinaire en n’oubliant pas de bien lisser les bords avec votre pelle (surtout en sol argileux). Pour assurer le coup, déposez une bonne dose de fumier mal décomposé au fond du trou : il parait que c’est super efficace d’enfouir de la matière organique qui ne se décomposera jamais et qui, avec un peu de chance et de temps, se transformera en pétrole…
RÈGLE D’OR N°3 : Ne défaites surtout pas le chignon de racines qui a déjà fait 5 fois le tour du pot. Les racines : c’est fragile ; alors moins vous y touchez, mieux c’est ! Placez l’arbre tel quel au fond du trou, de préférence un peu trop haut ou un peu trop bas. Puis rebouchez grossièrement en mêlant indifféremment terre du fond et terre de surface (la terre reste de la terre, n’est-ce pas ?!). Tassez bien le tout.
RÈGLE D’OR N°4 : Placer un bon gros tuteur afin que votre grande « asperge ligneuse » résiste aux vents. Il ne faudrait pas qu’il s’éloigne de la verticale qui satisfait tant l’œil humain. Non soumis aux contraintes du vent et autres intempéries, vous limiterez le développement des racines d’ancrage vous assurant ainsi que votre arbre s’effondre au premier coup de vent, une fois sa « jambe de bois » retirée. Pour la racine pivot, ne vous inquiétez pas, vous l’avez déjà dézinguée à l’étape 1 en choisissant un sujet trop grand.
RÈGLE D’OR N°5 : Ne faites pas de cuvette au pied de l’arbre, l’eau risquerait d’y stagner offrant une niche supplémentaire aux moustiques tigres… Et puis un arbre boit par ses racines (pas vrai?) que vous aurez bien pris soin de ne pas perturber à l’étape 3.
RÈGLE D’OR N°6 : Laissez la terre nue, ne la couvrez surtout pas : il faut que ça respire ! Ou bien paillez légèrement pour « faire joli » en couche mince car le paillage en plaquette d’ardoise, c’est pas donné…
RÈGLE D’OR N°7 : Arroser modérément à la plantation (sauf par temps de pluie bien sur…) ; un arrosoir d’une dizaine de litres suffira amplement. Mieux : placer une goutte à goutte de sorte que les racines (ou ce qu’il en reste) restent constamment en surface et n’acquièrent jamais leur indépendance hydrique. Pour la racine pivot, c’est mort, alors autant assurer le coup par une bonne dépendance au biberonnage de surface.
RÈGLE D’OR N°8 : Après l’éventuelle photo des édiles autour du Mikado géant pour faire valoir cette « belle action écocitoyenne », laissez votre arbre sans surveillance ni entretien. Vous avez déjà tant fait et investi pour lui : la nature fera bien le reste ; ce n’est qu’une histoire de temps.
RÈGLE D’OR N°9 : Si par hasard, votre arbre est encore vivant l’année suivante, prenez soin d’ôter les herbes folles qui poussent à son pied (ça fait sale !) et avec un rotofil de préférence afin d’être bien sûr de lacérer la base du jeune tronc. Si le stress hydrique et autres calamités naturelles ne sont pas venus à bout de votre plantation, donnez un petit coup de main à la nature : c’est la moindre des choses !
RÈGLE D’OR N°10 : bon, arrivé à ce stade, si votre put’… de morceaux de bois ne veut toujours pas crever, c’est que vous avez surestimer votre capacité de nuisance. Cet entêtement à vouloir vivre serait même sur le point de vous attendrir. Ha la « Résilience » de la nature : que c’est beau ! (Vous avez entendu l’expression sur France Inter et vous vous dites que c’est le bon moment pour la replacer). Finalement, vous l’aimez bien votre nouveau compagnon végétal. Vous décidez alors de le bichonner car à présent qu’il a bien grandi, il vous procure l’ombre salutaire dont aviez tant rêvé. Pris d’une subite crise de spiritualité, vous lui faite « un gros câlin » comme pour vous faire pardonner des misères que vous lui avez infligées ces dernières années, vous jurant, à présent qu’on « ne vous y reprendrait plus ! ».
Pour lui faire part de votre bonne foi et de la sincérité de votre éveil spirituel, prenez soin de couper le lierre (ce « bourreau des arbres ») qui le prend désormais d’assaut…
Et voilà : mission accomplie !
Après, celles et ceux (et ils sont de plus en plus nombreux) qui plantent des sujets ridiculement petits et sans tuteur (la totale !), libre à eux de se ridiculiser aux yeux du public.
On n’est pas là pour juger.
Et puis, c’est en « se plantant qu’on devient cultivé », n’est-ce pas ?
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