Une aventure d’un cycliste en gilet jaune !

Hier il m’est arrivé une chose qui m’a plongé dans une certaine confusion après un moment de surprise et d’amusement.
Comme à l’habitude en ces fins d’après-midi pré-hivernales entre chien et loup (plus loup que chien en fait), j’avais revêtu mon gilet jaune dans la tentative un brin désespéré de me rendre visible des autres usagers de la route. Arrêté à un feu rouge (oui, oui, certains cyclistes s’arrêtent au feu rouge), je vois traverser un jeune homme sur le passage piéton l’air débonnaire. Avec un sourire de complicité fraternel, il me lança un vibrant « Vive les gilets jaunes !» accompagnant cette envolée lyrique d’un point levé en signe de contestation. Il me fallut quelques millisecondes pour réellement intégrer ce qu’il venait de me dire tellement cette adresse à mon encontre était déconnectée d’un début de semblant de cohérence, d’où surprise et amusement. Il me fallut un peu plus de temps pour que la confusion perce. Car enfin je me trouvais dans la situation d’un oxymore personnifié. Alors que je ne consomme pas une goutte d’essence pour me déplacer (mise à part peut-être un peu d’essence de térébenthine de temps en temps pour dégraisser ma monture), me voici incarné de fait en un supporter de la cause dite des « Gilets jaunes ». Moi qui voyais mon gilet jaune comme un étendard de la locomotion basse émission et aussi, avouons-le, comme un signe de fierté non dissimulée de ne pas faire comme tout le monde et de promouvoir un transport alternatif, j’en étais d’un coup dépossédé. Alors que ce gilet est d’habitude le symbole d’une minorité fragile assez largement ignorée par une majorité motorisée, ces attributs mêmes lui en sont ôtés au profit d’un combat qui lui est bien étranger. Amis cyclistes, il nous faut d’urgence trouver des attributs spécifiques qu’on ne puisse plus nous voler ! :-))))
Nicolas